samedi 4 juin 2011

Le grand Cerf


Pourceaux d'Épicure

Je choisi ici de répondre publiquement à une question qui m'est posée de façon récurrente par courrier privé

Les pourceaux d'Épicure

Que signifie, en philosophie, l'expression '' les pourceaux d'Épicure ''
Pour bien l'illustrer, servons-nous pour exemple d'une comptine

Dans sa maison, un grand cerf
Regardait par la fenêtre
Un lapin venir à lui
Et frapper ainsi

Cerf, cerf, ouvre-moi
Ou le chasseur me tuera
Lapin, lapin, entre et viens
Me serrer la main

L'interprétation de ce fait

Un grand cerf dans sa cabane
Regarde par la lucarne
Un chasseur venir à lui
Et crier ainsi :
" Cerf ! Cerf ! Ouvres-moi !
Ou le lapin me tuera ! "
" Chasseur, chasseur, entre et viens
Me serrer la main

Voilà à présent ne me dite plus que vous ne savez pas ce que signifie l'expression de ''pourceau d'Épicure ''...
Crab – 04 Juin 2011
Notes
Personne n’a été plus injurié et censuré qu’Épicure ( mais Platon brûlait déjà les livres de Démocrite, son prédécesseur ). Ces atomes qui tombent éternellement dans le vide sont abominables. Pire : un petit saut de côté sans cause ( le « clinamen ») , et voilà l’origine de tout ce qui existe, vous compris. Pas de Dieu créateur, donc, pas de Big-Bang Father, pas de Jugement dernier, aucun au-delà. Nihilisme? Pas du tout, glorification de la vie et de la sensation, négation de la mort, apologie du plaisir. Penser et sentir sont une même substance, ce qui explique d’ailleurs que ceux qui ne sentent pas grand-chose pensent peu. Athéisme ? Mais non, il y a bel et bien des dieux, mais ils vivent, indestructibles et bienheureux, dans des « intermondes ». Ils ne s’occupent pas des humains, mais les mortels peuvent arriver, par la pensée, jusqu’à eux. Cet Épicure se prend donc pour un dieu? Il va jusqu’à soutenir cette fanfaronnade, cette insupportable rodomontade? Écoutez-le, il va décidément très mal : « Souviens-toi que, tout en ayant une nature mortelle et disposant d’un temps limité, tu t’es élevé, grâce aux raisonnements sur la nature, jusqu’à l’illimité et l’éternité, et que tu as observé ce qui est, ce qui sera et ce qui a été. »
Ici, les philosophes se déchaînent: Épicure (dont nous ne connaissons l’œuvre qu’en partie) est scandaleux, ignare, débauché, voleur, menteur, immoral, bâfreur, dépensier, plagiaire, habitué des prostituées, mégalomane. Le christianisme ira jusqu’à le traiter de porc, ce qui est tout à son honneur. « Les pourceaux d’Épicure » reste une formule célèbre. Diogène Laërce, dans ses Vies et doctrines des philosophes illustres, grâce à qui nous lisons ce grand dérangeur, rapporte ces insultes, et conclut sobrement : « Voilà ce que des écrivains ont osé dire d’Épicure, mais tous ces gens-là sont des fous.
Source : Actuphilo
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