Citation :
Ministre, avocate, intellectuelle, enseignante, chef d’entreprise, officier de l’armée, de police, de douane, pilote de ligne, cinéaste, sportive de haut niveau, aucun domaine ou activité socioéconomique n’échappe à la femme tunisienne qui a prouvé ses capacités à exceller aux côtés de l’homme.
Source : Tunisie numérique
« On veut qu’Ennahda dégage, on est là contre le terrorisme, contre les assassinats politiques »
Amel, une femme de 47 ans. « On veut qu’Ennahda dégage, on est là contre le terrorisme, contre les assassinats politiques». « Mais nous sommes également ici pour conserver nos droits, nos acquis. On était les pionnières dans le monde arabe et aujourd’hui on sent que la situation se dégrade », complète Mayssoun, son amie, médecin de 32 ans
Tunisie : mobilisation pour la journée de la femme
Alors que la crise politique secoue toujours le pays depuis l’assassinat du député d’opposition Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier, les opposants cherchent à obtenir la démission du gouvernement dominé par les islamistes
Des milliers d’opposants au parti islamiste Ennahda, au pouvoir en Tunisie, ont défilé pour la journée de la femme, mardi soir à Tunis. Il s’agissait de célébrer le 57ème anniversaire du Code du Statut Personnel promulgué le 13 août 1956. Avec l’abolition de la polygamie, le remplacement de la répudiation par le divorce judiciaire ou la possibilité d’ouvrir un compte bancaire sans le consentement du père ou de l’époux, ces lois progressistes avaient constituées une avancée très importante pour la condition des femmes dans le monde arabo-musulman
Extrait d'un article du journal '' Le Parisien '' daté mardi 13 / 08 / 213
« Ce sont les femmes qui sont à l'avant-garde de la lutte contre le projet islamiste » Chérif Ferjani, professeur de science politique, islamologue
Nadia El Fani: « Sans des lois laïques, le pays ne peut avancer » Par Isabel Jan-Hess . Article daté du 08.08.2013
A Tunis, hier, une foule d’opposants manifestait contre Ennahda. Questions à Nadia El Fani, cinéaste exilée à Paris
Nadia El Fani
Cinéaste franco-tunisienne,
Nadia El Fani est exilée en France depuis 2002. Fille d’un ex-dirigeant du Parti communiste tunisien, elle dénonce sans relâche les «dictatures» qui se succèdent dans son pays. Poursuivie pour outrages, insultes au sacré et aux préceptes religieux en Tunisie, cible régulière d’attaques et de menaces de mort des islamistes radicaux depuis la sortie en 2011 de son film Laïcité Inch’allah, elle poursuit le combat pour la liberté d’expression et des minorités en pays musulmans. Les Tunisiens sont à nouveau dans la rue. Pourquoi maintenant?
En deux ans, la troïka au pouvoir, composée du parti Ennahda et de deux groupes pseudo-laïques, a plongé le pays dans le chaos. Ils ont été incapables de remonter l’économie, d’instaurer une véritable structure d’Etat ou d’assurer la sécurité dans le pays. L’Assemblée n’a même pas réussi à rédiger une Constitution. On assiste à des combats réguliers entre l’armée tunisienne et des groupuscules terroristes. C’est un échec total que la population dénonce.
Cela expliquerait la montée en puissance de la contestation dans la rue et via les réseaux sociaux aussi?
Oui, ce gouvernement n’a plus de légitimité. Il devait quitter le pouvoir en octobre 2012 pour faire place à de véritables élections démocratiques. Mais Ennahda justifie sa position en affirmant que les salafistes deviendraient une menace pour le pays s’ils quittaient le pouvoir. Comme les partis fascistes, ils ont besoin de la violence pour se légitimer et instaurer une dictature religieuse. Mais les Tunisiens ne sont pas dupes.
Comment voyez-vous l’avenir de votre pays?
Les mentalités évoluent en Tunisie. Les gens comprennent que sans une véritable république démocratique basée sur des lois laïques, le pays ne pourra pas avancer. La laïcité est le seul espoir pour les pays musulmans. La Tunisie baigne aujourd’hui dans une énorme hypocrisie sociale. La dictature Ben Ali a préparé le terrain aux islamistes, bien avant sa chute. Ce qui s’est passé ensuite était prévisible
Autre article, par Chérif Ferjani :
« Ce sont les femmes qui sont à l'avant-garde de la lutte contre le projet islamiste » Chérif Ferjani, professeur de science politique, islamologue
La femme était alibi sous le régime de Ben Ali dans le combat contre les islamistes, en ce sens où la question féminine était l'un des leitmotiv du discours officiel contre les islamistes. Elle est aujourd'hui, également instrumentalisée par les islamistes pour un discours identitaire, gardienne des valeurs, gardienne des traditions, qui doit transmettre l'identité arabo-musulmane. On est toujours dans l'instrumentalisation de la cause de la femme. Pour les partis de l'opposition, quand on voit les manifestations et les sit-in, la majorité est féminine. Ce sont les femmes qui elles-mêmes font pression sur les partis politiques et qui jouent un rôle en avance par rapport aux partis. Je pense que ce sont les femmes qui sont à l'avant-garde de la lutte contre le projet islamiste, parce que précisément ce sont elles qui sont les plus exposées. Dans l'opposition aujourd'hui elles jouent un rôle, elles ne sont pas instrumentalisées, elles font pression sur les partis politiques, sur les syndicats, les organisations de la société civile pour qu'ils prennent en charge la cause féminine.Pour rappel, il faut dire que les réformes entreprises au 19e siècle ont très tôt produit leurs effets au niveau du statut de la femme. Les premières femmes envoyées à l'école sont issues du milieu zeitounien, des grandes familles des théologiens de la Zeitouna ont envoyé leurs filles. Il faut dire aussi que la Tunisie est l'un des rares pays où le mouvement féminin s'est structuré à partir des années 20, sur la base de ses propres revendications. Les femmes n'ont pas accepté qu'on leur dise que maintenant c'est la cause de la libération nationale. Les femmes se sont mobilisées, et quand Bourguiba a été mis en difficulté dans les années 50, à l'intérieur du parti destourien, sous la direction de Salah Ben Youssef, il s'est appuyé sur les secteurs modernes de la société, l'Ugtt, l'Union des étudiants, l'union des femmes, en adoptant leur programme. Il ne faut pas oublier qu'elles ont accepté de s'allier avec Bourguiba, pour lui donner l'avantage sur ses adversaires au sein de son propre parti, mais en contre partie, Bourguiba a adopté le programme de l'Ugtt sur les aspects sociaux, et des organisations féminines. Bourguiba, il faut le rappeler, dans les années 30, était contre Tahar Haddad qui était contre le port du voile. Bourguiba, était pour. Bourguiba a adopté le programme des organisations féminines parce qu'il était obligé, comme il a adopté le programme de l'Ugtt pour créer un courant sur lequel il s'est appuyé pour reprendre la majorité au sein de son parti.
Bien sûr que Bourguiba lui-même a joué un rôle dans la première constituante, et a tenu tête aux théologiens qui défendaient la polygamie. Par ailleurs, je pense que c'est important de dire que les droits humains n'ont aucun sens, si la moitié de l'humanité est exclue du principe d'égalité. Ce qui était le cas en Europe au 19e siècle. Et dans certains pays même au 20e siècle. Personnellement, je refuse de parler des droits de l'Homme, je dis les droits humains. Et qu'on arrête de dire que c'est l'homme générique, et que ces droits englobent ceux de la femme.
Maintenant, on ne peut pas, au nom de l'identité culturelle, refuser les droits humains en les attribuant à l'Occident, comme si l'Occident était toujours respectueux de ces droits. Je me souviens d'un texte de Marzouki, alors président de la Ligue des droits de l'Homme, il a écrit au début des années 90, dans la revue El Maghreb, un texte admirable, dans lequel il est dit toutes les concessions faites au nom des identités culturelles, religieuses... sont une révision à la baisse des droits humains et de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Regardez Marzouki, où il en est à présent.
Quant aux femmes islamistes, elles ont défendu la complémentarité. Mais ce n'est pas nouveau, on sait très bien que les femmes ont été le vecteur de transmission des valeurs patriarcales. Mais il faut se dire que pour tous les acquis de la Tunisie, si on ne se mobilise pas, les acquis des droits des femmes, comme tous les autres acquis, au niveau de la création artistique, des libertés, sont menacés, il faut être conscient que rien n'est définitivement acquis. Il y a toujours la possibilité d'un retour de manivelle. Chérif Ferjani
Bien sûr que Bourguiba lui-même a joué un rôle dans la première constituante, et a tenu tête aux théologiens qui défendaient la polygamie. Par ailleurs, je pense que c'est important de dire que les droits humains n'ont aucun sens, si la moitié de l'humanité est exclue du principe d'égalité. Ce qui était le cas en Europe au 19e siècle. Et dans certains pays même au 20e siècle. Personnellement, je refuse de parler des droits de l'Homme, je dis les droits humains. Et qu'on arrête de dire que c'est l'homme générique, et que ces droits englobent ceux de la femme.
Maintenant, on ne peut pas, au nom de l'identité culturelle, refuser les droits humains en les attribuant à l'Occident, comme si l'Occident était toujours respectueux de ces droits. Je me souviens d'un texte de Marzouki, alors président de la Ligue des droits de l'Homme, il a écrit au début des années 90, dans la revue El Maghreb, un texte admirable, dans lequel il est dit toutes les concessions faites au nom des identités culturelles, religieuses... sont une révision à la baisse des droits humains et de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Regardez Marzouki, où il en est à présent.
Quant aux femmes islamistes, elles ont défendu la complémentarité. Mais ce n'est pas nouveau, on sait très bien que les femmes ont été le vecteur de transmission des valeurs patriarcales. Mais il faut se dire que pour tous les acquis de la Tunisie, si on ne se mobilise pas, les acquis des droits des femmes, comme tous les autres acquis, au niveau de la création artistique, des libertés, sont menacés, il faut être conscient que rien n'est définitivement acquis. Il y a toujours la possibilité d'un retour de manivelle. Chérif Ferjani
[ Femmes éprises de liberté
Hélas ces femmes islamistes en faveur de la complémentarité, soumises à cette idéologie - masculine - du patriarcat, jours à après jours, poignardent les femmes éprises de liberté dans le dos
Je suis persuadé depuis longtemps que de la part de ces femmes islamistes refuser aux autres femmes la liberté à être n'est rien de plus que l'expression d'une des formes parmi les plus morbides de la jalousie
Les femmes éprises de liberté et les laïcsdans le monde turc, arabo-iranien, non seulement œuvrentpour la paix dans le monde, mais aussi, pour les droits de l'humain : ils ont tous et toutes le soutien inconditionnel, je n'en doute pas un seul instant, de la très grand majorité des françaises et des français Crab 14 Août 2013]
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