jeudi 16 juillet 2015

Indifférence religieuse et athéisme








Appel à communication 

Les spécialistes de sciences sociales des religions se focalisent souvent sur leurs objets spécifiques, en oubliant d’interroger le phénomène de la non religion. Or, on ne peut comprendre les phénomènes religieux dans les sociétés contemporaines sans prendre en compte leur contestation ( l’anti religion ) et les manifestations d’indifférence religieuse, malgré la difficulté à construire une science de l'irréligion - difficulté qu’il conviendra aussi d’analyser. Du fait de la perte d’influence sociale des religions instituées, du fait encore de l’individualisation des croyances et de la montée des incertitudes dans nombre de domaines, au premier rang desquels le domaine religieux, la non religion et la religion incertaine semblent notablement se développer. À la question, classique, de la socialisation à une religion semble ainsi s’ajouter celle d’une socialisation à l’incroyance. Dans un tel contexte, réfléchir sur la non religion, l’athéisme et l’indifférence religieuse devient un enjeu majeur pour les sociologues du religieux, pour l’ensemble des sciences sociales, et pour toutes celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre l’évolution des sociétés. Tel est l’objet de ces deux jours de colloque. Le présent appel à communication invite les chercheurs et enseignants intéressés à proposer une intervention. Nous souhaitons aborder le sujet en trois temps.
1.Le premier temps précisera les définitions de l’athéisme et de l’indifférence religieuse en usage dans les sciences sociales, depuis leur théorisation jusqu’aux méthodologies afférentes.
Ces définitions peuvent exister chez des penseurs à différentes époques, y compris dès l’Antiquité ; elles gagneront à être discutées et ajustées en fonction du présent. Provisoirement du moins, l’on peut définir l’athéisme comme un système de pensées et de croyances opposé à la religion, sinon antireligieux, quand l’indifférence religieuse se caractériserait par un désintérêt a priori complet pour les questionnements sur la dimension religieuse de l’existence. L’indifférence serait ainsi une attitude pratique, une distance (modulée) d’avec les univers religieux, qu’elle ne chercherait pas à critiquer peut-être parce que leur affaiblissement rend la critique caduque. Dès lors, on peut se demander ce qui s’oppose à la religion : la non religion, l’athéisme, l’indifférence, ou d’autres systèmes de sens alternatifs à la religion.
Au - delà des cadrages théoriques, le colloque se développera en spécifiant d’un côté l’étude des formes de l’athéisme, de l’autre celles de l’indifférence religieuse. Pour chacun de ces deux grands thèmes, des approches historiques, sociologiques et ethnographiques seront privilégiées.
2. L’athéisme
peut être analysé aussi bien au niveau des individus que des groupes organisés
et militants (Union rationaliste, Libre pensée, Union des athées...). Il s'agira d'évaluer l'étendue du phénomène athée, aussi bien en France que dans d'autres pays, selon une perspective comparée. À travers une sociologie de cette population et de son système de valeurs, on cherchera également à savoir qui sont les athées, et comment ils sont perçus par la
population globale : si les athées semblent aujourd’hui très bien acceptés en Europe de l’Ouest, ce ne fut pas toujours le cas. Aux États-Unis, ils semblent encore souvent perçus comme des déviants et de mauvais citoyens1. La dimension historique représente bien sûr un vol et important de ces thématiques. Elle établit d’abord la manière dont différentes époques servent de référence pour réfléchir au positionnement de l’incroyance et de l’athéisme à l’échelle de la « grande histoire » ; elle offre ensuite d’exhumer les traces historiques d’athéisme qui ne furent pas nécessairement des signes précurseurs d’une indifférence religieuse. Dans la vie d’un homme / d’une femme, dans la trajectoire d’une société, les temps / lieux / formes de croyances et d’incroyances, d’adhésion ou de détachement des systèmes religieux admettent des variations bien plus
complexes que le modèle classique d’un étiolement moderne de la foi ne le laisse penser. Ces variations ont jusqu’ici été peu étudiées, une carence que ce colloque entend pallier.
Concernant spécifiquement la France, la période d’affirmation de la laïcité à la fin du XIXème siècle appelle des analyses plus approfondies, tout comme le devenir et les recompositions des organisations antireligieuses survenues depuis lors. Certains mouvements athées ont-ils glissé vers l’indifférence ? Si oui, pourquoi ? Pourrait-on parler d’une « sécularisation des athées » ? Observe-t-on des trajectoires inverses de mouvements qui passent de l’affirmation d’une indifférence religieuse, ou d’un agnosticisme, à un athéisme militant ?
Concernant les sociétés contemporaines, il paraît tout aussi intéressant de mettre en lumière l’athéisme très prégnant dans certaines professions : c’est par exemple le cas parmi les scientifiques ( enquêtes réalisées ou en cours en France et dans d’autres pays ), sur un arrière-plan de débats intellectuels et d’arguments échangés entre philosophes athées, agnostiques, indifférents, hésitants et dubitatifs, ou encore pro-religieux.
L’athéisme officiel de certains États, à l’époque soviétique notamment, est aussi un thème qui trouve sa place dans ce colloque – l’athéisme officiel n’ayant pas anéanti les religions, dont on observe une grande diversité dans l’Europe centrale et orientale contemporaine. Si toutefois certains pays ont plus ou moins connu des retours du religieux, ce n’est guère le cas dans d’autres. Comment expliquer le très fort impact de l’athéisme et de l’indifférence religieuse en Allemagne de l’Est, ou en République tchèque, en Estonie et Lettonie ? Et la politisation de l’athéisme aux États- Unis, en Turquie, en Chine ou en Inde ? L’examen comparatif, à une échelle nationale, des trajectoires suivies par les idées et pratiques athées,
et/ou d’irréligion et/ou d’incroyance permettra de saisir ce qui relève de généalogies propres à un ensemble social et culturel donné.
3. L’indifférence religieuse est probablement plus difficile à cerner que l’athéisme, en vertu du peu de bruit qu’elle fait, n’étant pas militante, ne cherchant pas à s’exprimer dans l’espace public. Il appartient à l’histoire de dire si elle était déjà répandue à certaines époques ou si elle est une attitude spécifique aux sociétés contemporaines. Pour le présent, cette attitude peut être précisée : - soit par des recherches qualitatives : entretiens ou observations ethnographiques, par exemple analyse de l’indifférence religieuse dans des catégories particulières ( chez les
adolescents, dans des milieux sociaux particuliers), dans des régions de différentes origines confessionnelles, - soit à travers des résultats d’enquêtes quantitatives.1
D’après certains sondages, les Américains acceptent/teraient beaucoup plus facilement de voter pour un noir ou un homosexuel que pour un athée à l’élection présidentielle.
Il s’agira de montrer qu’il existe plusieurs formes d’indifférence ; celles - ci s’expriment selon des modalités particulières, qu’elles soient discursives ou pratiques, affirmées ou discrètes, individuelles ou collectives
... Certains sociologues distinguent par exemple une indifférence d’ordre plutôt cognitif (absence d’intérêt pour connaître un ou des domaines religieux) et une indifférence d’ordre plutôt existentiel (ne donner aucune importance au religieux dans sa vie).
Les affirmations d’indifférence religieuse ne sont peut-être pas toujours aussi absolues qu’on pourrait le croire a priori, et sur fond d’indifférence religieuse, un doute ou des interrogations religieuses peuvent se manifester dans certains contextes événementiels ou à certaines périodes de la vie.
Ce colloque est préparé par Pierre Bréchon, Sciences po Grenoble, Lionel Obadia, Université
Lyon 2 et Anne-Laure Zwilling, CNRS Strasbourg, en lien avec le bureau de l’AFSP.
Les propositions de communications doivent nous parvenir avant le 15 octobre sous la forme suivante :
- un titre ( provisoire ) de communication,
- une présentation en une page de l’objectif poursuivi, des données utilisées,
- une notice biographique rapide.
Les documents seront envoyés par e-mail à nos trois adresses : pierre.brechon@iepg.fr ; Lionel.Obadia@univ - lyon2.fr ;
anne-laure.zwilling@misha.cnrs.fr.
La décision sur les propositions sera communiquée très rapidement, de manière à ce que chacun puisse préparer son texte dans de bonnes conditions. Les textes seront attendus au 11 janvier. Il conviendra aussi de fournir avec le texte une page de résumé, qui sera diffusée à tous les participants.
Fin du communiqué

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Ce qui ne laisse pas indifférent
[ Le récit d’un Univers créatif nous apprend que nous sommes tous des poussières d’étoiles. Nous sommes des êtres interdépendants dont le bonheur dépend de celui des autres. Sachons ne pas l’oublier. Henri GÉNARD]

Pourquoi et fort inutilement les religieux ont inventé un créateur quand l’horizon de notre connaissance de l’histoire de l’univers se limite aux environs de 14 milliards d’années ?
...sans compter que la longue marche de notre univers ( probablement existe-t-il des milliards de milliards d'univers )se poursuit- ce qui exclut l'idée ou le principe même de création mais confirme une inventivité stupéfiante de l'univers pour aboutir à l'apparition de la vie et de la conscience devant laquelle l'émerveillement est de mise au contraire de l'explication simpliste religieuse, notoirementdéplacée et par dessus tout des plus prétentieuses - Crab 16 Juillet 2015

Suites :
http://laicite-moderne.blogspot.fr/2014/01/la-mort-nest-rien-pour-nous-epicure.html
ou sur :
http://laiciteetsociete.hautetfort.com/la-mort-n-est-rien-pour-nous-epicure/






1 commentaire:

  1. L’athéisme, pourquoi pas ?
    Isabelle Saint-Martin : peut-on parler des religions à l'école ?
    Suite : Le corps pensant.
    https://laicite-moderne.blogspot.com/2019/09/latheisme-pourquoi-pas.html
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